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Hope Yakaar

Il fait chaud, oui c’est la canicule sévère, austère et autoritaire qui nous sévit.
Dans cette optique, d’un coup, j’arrache mes habits, porte une serviette autour de ma taille et direction la douche.

Je me rappelle qu’en cette période où la chaleur nous tape de plein fouet, on a un terrible problème d’eau ici au Fouta à Thillé bouba-car.
Dans cet esprit, je commence à me plaindre et à accuser le gouver-nement de tous mes maux.

Par ailleurs, je vais me contenter d’un bouilloire d’eau et je vais me laisser aller au rythme de cette eau douce qui parcoure mon corps en jurant de chercher une affectation dans un endroit où le climat et les commodités sont plus avenants.
Cependant, d’un coup, mes souvenirs vont envers elle, je m’asasa-gis un peu et par conséquent, regrette aussitôt mon rechignement.

À vrai dire, comparer aux autres, devrais-je vraiment me plaindre ? Me disais-je ! Car oui, moi au moins j’ai des mains pour me laver. Au moins moi , je jouis de toutes mes facultés aussi bien physique que mentale.
Quoi que je me vois en elle bien souvent à cause de mon handicap (le bégaiement) ce dernier, il faut le dire, reste infime par rapport au sien qu’elle traîne comme un boulet.

À ce même moment, la providence me rappelle pour me ramener à la raison et m’éviter de continuer à rechigner l’incapacité dans laquelle elle est elle et à laquelle elle fait face même quand il s’agit de satisfaire ses besoins les plus primaires comme se laver sans le concours de quelqu’un.

Sur le même registre, me taraude l’esprit l’image de sa mère avec des assistantes , l’aidant à se lever de son lit. Cette lancinante réalité qui de sitôt habite mes pensées me fend le cœur et met mes entrailles en lambeaux. Voir les gens autour d’elle se relayer pour l’aider à s’assoir, à se laver ou même à faire ses besoin était certes une énorme épreuve d’humilité pour nous autres mortels.

D’un autre côté, je pense également à la manière particulière et désintéressée dont Tantie Coumba avait des projets pour elle. Oui, cette vaillante dame n’ambitionnait qu’à aider *Yedia* à apprendre à se débrouiller avec son handicap. Hélas, celà restera un rêve à jamais, qui ne se réalisera guère.

Yédia est partie juste trois jours après notre visite. Partie à jamais, emportant avec elle un espoir. Elle est partie, pour ainsi anéantir tout notre rêve de la voir épanouie même avec sa mobilité réduite. Par conséquent, notre seul réconfort est qu’elle est partie soulagée de tous ses maux.

Car oui, ma conviction de croyant est que là-bas au moins, elle retrouvera l’usage de ses membres. Je l’imagine envolé au ciel telle une chaise roulante, aussi imposante qu’elle, avec des rosés repré-sentants, ainsi son voile , comme pour interdire aux gens de voir rien d’autre que France douceur.
Adieu petite fleure Yedia.

Subséquemment, bien que la mort de cette belle âme soit une expérience douloureuse et traumatisante, voilà pour nous une brèche qui nous a permis de mettre en place cette initiative. Par ricochet, elle devint ainsi notre source d’inspiration. Nous avons pour ainsi dire, voulu donner par le biais de notre art, l’espoir à toute personne vivante avec un handicap. Dès lors, cette exposition solennelle qui est emplit d’émotion et d’enseignements est à considérer comme notre premier acte dans un élan solidaire d’un long projet d’aide et de solidarité à l’endroit des handicapés.

Dans cet esprit, nous voudrions cultiver en eux l’espoir d’une vie meilleure. Avec ce projets, nous espérons que les personnes vivantes avec un handicap auront la conviction et l’assurance qu’elles peuvent vivre, travailler et être heureux en faisant de leur handicap une force dans ce système de perpétuel combat où il sied de se montrer résilient face à des épreuves de toutes sortes et de tous ordres .

OUMAR CISSE
Artiste plasticien